jeudi 7 mai 2009



Je suis en train de lire "Toute une affaire" de Sibylle Grimbert et j'avoue prendre un plaisir tout nouveau, particulier, tout entier consacré à accompagner le personnage de Sabine, cette âme en peine, déliquescente et sublime. Empruntée à souhait, adorablement gauche, vraie, sincèrement authentique. Sybille Grimbert a plus qu'un univers. Elle a la capacité de mettre autant de mots trouvés, juste pile poil, sur toute cette intériorité singulière, admirablement décrite. Tout est fouillé, travaillé. Nous, lecteurs privilégiés, n'avons qu'a suivre la direction donnée. Sans difficulté aucune. Cela coule à la perfection. On se laisse volontiers bercer, par un rythme admirablement maîtrisé, dans tous ces affrontements intérieurs, la douleur insoupçonnée générée par le fait familial, le lien fraternel. Unique. Incroyablement marquant. Le personnage de Daniel est bien amené comme celui de Timothée. Autant de relations à triturer, dans tous les sens. Cette soeur, benjamine et perdue, est tout simplement troublante, en un mot, charmante. On abhorre Sanglay en même temps qu'on admire cette entreprise aussi forte que les liens du sang... Je suis entièrement conquis, sans aucune réserve et continue cette lecture délectable que je ne peux qu'encourager...

J'en suis juste ici, page 127, passage typique et admirable de ce déchiffrage féminin du monde environnant et du moi surnageant dans l'embarras absolu : "J'ai eu l'impression que j'allais mourir, ou plutôt j'ai eu l'impression qu'il aurait mieux valu que je meure sur-le-champ puisque, par ma faute, Sanglay allait sûrement faire faillite. Même si je savais que j'exagérais, quelque chose de terrible m'empêchait de contrôler des visions d'empires dévastés".

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