samedi 11 avril 2009

Septième sonnerie

A la septième sonnerie, je me décidai de répondre. Tout en me dirigeant vers le téléphone situé dans l'entrée, je ne sais quelle inspiration me transforma illico en tireur d'élite pour une obscure et secrète organisation. Posté sur le toit d'un immeuble, j'étais vêtu d'une combinaison noire moulante avec plein de poches vides partout et d'une cagoule de commando, celle qui ne laisse apparaître que les yeux et la bouche. Aux pieds, j'avais ces espèces de Rangers souples qui maintiennent la cheville à la perfection. Celles que portent les types du GIGN ou certains convoyeurs de fonds, spécialement conçues pour les situations extrêmes genre descente en rappel ou Mawashi Geri, coup de pied circulaire. Allongé de tout mon long, immobile, l'œil droit rivé au viseur de mon arme, je ressentais en même temps que les battements de mon cœur contre le sol le poids de la responsabilité sur mes épaules. Pas un seul instant je ne quittais du regard cette fenêtre ouverte de l'immeuble d'en face, située un peu en contre-bas, et au milieu de laquelle flottait un rideau censé représenter un moine tibétain au volant d'une Ferrari parmi un improbable paysage chinois. Rien ni personne ne pouvait me soustraire à ma mission surtout pas l'odeur soutenue d'urine émanant du sol bitumeux de cette toiture-terrasse. Le doigt professionnel sur la gâchette de mon fusil à longue portée, je n'attendais qu'une seule chose : au top signal dans mon oreillette, mettre deux balles dans la tête de celui que j'apercevais très distinctement dans mon viseur, au travers du voilage affreux et de ses rizières flottant désespérément au vent.

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